Qui a construit le canal ?
L’existence des bagnards de Glomel est connue de tous. Cette présence induit l’idée reçue que ce sont des condamnés militaires qui ont construit le canal de Nantes à Brest. Or, s’il est vrai que des bagnards ont creusé la tranchée de Glomel, que des prisonniers de guerre espagnols ont participé à la réalisation du bief de partage de Bout-de-Bois, ils ne représentent qu’une part infime des milliers d’ouvriers volontaires présents sur le chantier. Ces derniers sont malheureusement mal connus car ils ne sont pas recensés par l’Administration contrairement aux militaires et bagnards.
Une fois, le travail préparatoire des ingénieurs terminés, les Ponts et chaussées divisent le tracé du futur canal en lots qui sont mis en adjudication auprès des sociétés locales de construction. C’est donc une procédure d’appel d’offre. Une fois que l’entreprise emporte le lot, elle doit recruter de la main d’œuvre. Cela aurait dû être une opération aisée, à l’époque, le Centre-Bretagne est une des régions les plus pauvres de France.
Au début du chantier, la main d’œuvre volontaire afflue des campagnes mais rapidement les conditions pénibles de travail et le maigre salaire vont avoir raison de l’enthousiasme des ouvriers et la main d’œuvre se fait de plus en plus rare. Ainsi, en 1823, il manque 1200 ouvriers pour creuser la rigole d’Hilvern.
Des détenus sont alors réquisitionnés comme force d’appoint. 1200 prisonniers de guerre de l’armée espagnols sont affectés à la construction du bief de Bout-de-Bois. Un bagne est ouvert à Glomel sur la Lande de Perran pour accueillir 600 hommes.
Le recours à cette main d’œuvre s’avère peu efficace. Prisonniers ou bagnards sont indisciplinés. Ils travaillent peu, se révoltent souvent et désertent dès qu’ils le peuvent.
La présence de forçats sur le canal est donc indéniable mais elle ne doit pas occulté le travail réalisé par les ouvriers volontaires. 90% du canal a été creusé par une population locale qui voyait là une occasion d’améliorer leur ordinaire. Ce sont des gens du cru qui ont sué sang et eau pour mener à bien cette aventure. Il est donc enfin temps de leur rendre hommage.